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Pierre Bayle

1647-1706

Né d'un père pasteur, à Carlat, dans l'Ariège, Pierre Bayle fait de courtes études à Genève. Il se convertit au catholicisme quelque temps mais reviendra en 1670 à la religion de ses pères. Il devient professeur d'histoire et de philosophie et obtient une chaire à Sedan. En 1680, il part enseigner à Rotterdam, mais ses positions de protestant peu orthodoxe l'obligent à abandonner son poste en 1693. Dès lors, il se consacre entièrement à son œuvre d'écrivain, et notamment à son Dictionnaire historique et critique. Les longues remarques personnelles qui ponctuent cet ouvrage révèlent un esprit singulier et libéral. On y trouve un souci constant d'objectivité et de tolérance et un plaidoyer passionné pour « les droits sacrés de la conscience ». De longs articles sont consacrés aux minorités et aux « calomniés de l’Histoire ».

Avant tout érudit et critique, Bayle semble plus proche du siècle des philosophes que de celui de Louis XIV. Il n'a qu'un but : la découverte de la vérité. Ce n'est pas tant le fait qui l'intéresse que les déformations qu'il subit, les contradictions des opinions humaines, les interprétations, les « crédulités qui se prennent pour des vérités ». Bayle estime que l'universalité d'une croyance n'est pas forcément un gage de sa vérité. Esprit libre, il s'attaque à tout ce qui est établi. En abordant la question de l'origine du mal, il s'attaque indirectement à Leibniz. Celui-ci lui répondra dans son Essai de Théodicée.

Considéré aujourd'hui comme le précurseur de toute la critique moderne, il soulève en son temps contre lui les jésuites et même des protestants ; nombre de ses livres sont brûlés en place publique sur ordre du roi de France. Sans se décourager devant les obstacles, il achève en 1697 le Dictionnaire historique et critique qui le rendra célèbre. Il meurt en 1706, à l'âge de soixante-deux ans.


De l'incompatibilité entre la foi et la raison

Les encyclopédistes des Lumières salueront en Pierre Bayle un de leurs inspirateurs et lui emprunteront sa thèse de l'incompatibilité entre la foi et la raison.

« Si le juste vit de sa foi, un philosophe doit vivre aussi de la sienne ; c'est à dire qu'il ne doit point faire dépendre de ce que penseront les autres hommes ce qu'il doit juger des choses. Il doit examiner profondément les objets. » Dans cette citation, Bayle rejoint les idées de Montaigne et de Hume sur la conscience et du libre arbitre. Que le destin de l’homme n’appartient qu’à lui seul. Il insiste également sur la constitution d’une « science de l’homme » ; où celui-ci n'est plus seulement sujet, mais objet de connaissance. Il s’agit de produire un nouvel objet de pensée : c’est l’œuvre du scepticisme moderne, qui trouvera chez David Hume son couronnement.


Du scepticisme moderne

Pierre Bayle initie, bien avant Hume, une nouvelle conception du sujet, où la raison et la conscience sont mises à distance d'elles-mêmes, pour être rapportées à la mémoire, à l'opinion donc à l'institution sociale. Suivant les pas de Blaise Pascal, Bayle récuse la possibilité d'aboutir à la connaissance de l'absolu qui affirmerait qu'il ne peut y avoir de certitude sur les réponses aux questions philosophiques et sur les énigmes de la nature et de l'univers.

Le scepticisme en philosophie moderne annonce l'agnosticisme, le positivisme, le scientisme, le nihilisme, et le constructivisme.


L’idée de tolérance

Le 15 octobre 1685, la révocation de l'Edit de Nantes est signée à Fontainebleau par Louis XIV, mettant fin à une situation exceptionnelle en Europe : deux confessions religieuses cohabitant de droit, sous un même pouvoir politique. En octobre 1686, Bayle fait paraître les deux premières parties du Commentaire philosophique sur les paroles de Jésus-Christ, Contrains-les d'entrer, où il donne plusieurs raisons démonstratives qu'il n'y a rien de plus abominable que de faire des conversions par la contrainte. Il réfute également tous les sophismes des convertisseurs à contrainte. C'est donc un livre écrit dans l'urgence, mais qui affronte aussi l'événement dans sa dimension universelle : il s'agit, en fait, de l'une des rares tentatives historiques de fonder philosophiquement la tolérance. Il garde ainsi toute sa virulence face à la menace endémique du fanatisme religieux sous toutes ses formes. En conséquence, cette édition a eu un double souci : inscrire l'ouvrage dans les débats de son temps, tout en interrogeant la pertinence philosophique de son propos. C'est en effet un texte d'une audace exceptionnelle pour son époque, mais qui n'hésite pas à soulever les difficultés spécifiques de cette "vertu" très particulière. Pierre Bayle énonce et cherche à fonder moralement les "droits de la conscience errante", mais s'interroge aussi sur la délicate question de leurs limites. Ainsi ce plaidoyer pour une tolérance absolue s'avère être, en même temps, un des questionnements les plus radicaux sur la nature du fait religieux et de ses dérives quasi inévitables.


Publications :

Ce que c'est que la France toute catholique sous le règne de Louis Le Grand, 1685.

De la tolérance, 1686.

Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : « Contrains-les d’entrer », 1686.

Avis important aux réfugiés, 1690

Dictionnaire historique et critique, 1697


Articles :

Pierre Bayle : tolérance et raison, sur le site de l’union rationaliste.

Pierre Bayle la théorie moderne de la liberté de conscience et de la tolérance, par Michel Puechavy.

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