top of page
Image-empty-state.png

Ferdinand Buisson

1841-1932

Agrégé de philosophie, jeune professeur il s'exile volontairement en Suisse sous le Second Empire, de 1866 à 1870, car il refuse de prêter serment au nouveau pouvoir (Napoléon III). Il enseigne alors à l’Académie de Neufchatel. En 1867, il suit les trois congrès internationaux de la Ligue de la Paix et de la liberté. Il élabore alors un programme pour « l’abolition de la guerre par l’instruction » aux côtés de Jules Ferry et de Victor Hugo. Il lit un discours lors du dernier congrès à Lausanne en 1869. Parallèlement, il tente de mettre en place une Église protestante libérale, faisant appel aux pasteurs Jules Steeg et Félix Pécaut. Dès l'instauration de la Troisième République, il rentre en France et participe activement aux initiatives politiques et sociales de la municipalité du 17ème arrondissement. En décembre 1870, il prend la direction de l'orphelinat municipal du 17ème arrondissement, premier orphelinat laïque. Il plaide pour un enseignement professionnel obligatoire et pour le droit de vote des femmes. Refusant d'enseigner la philosophie, car désireux d'œuvrer en faveur des enfants les plus pauvres, il est, grâce à son amitié avec le ministre de l'Instruction publique Jules Simon, nommé à la direction des établissements scolaires parisiens. Une violente campagne, menée tant par le parti catholique que les protestants orthodoxes, contraint Jules Simon à faire marche arrière. Buisson sera chargé de réunir une vaste documentation sur les pratiques pédagogiques dans le monde. En 1878, il devient Inspecteur général de l’instruction publique. De 1879 à 1896, il est appelé par Jules Ferry, successeur de Jules Simon, à la direction de l’Enseignement primaire. En 1890, il devient professeur de pédagogie à la Sorbonne. Puis il supervise le travail d’écriture et de conception des lois sur la laïcité. A cette même période, il crée la Ligue française des droits de l’homme qu’il présidera de 1913 à 1926.


En 1905, il est le président de la commission parlementaire qui rédige le texte de la loi de séparation des Églises et de l'État. Il participe à la rédaction du texte de la loi de 1905. Ferdinand Buisson est également le maître d'œuvre d'un chantier éditorial remarquable, le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire, pour la rédaction duquel il s'entoure de plus de 350 collaborateurs. La première édition est publiée par Hachette entre 1882 et 1887. Une nouvelle édition paraît en 1911. Ne se limitant pas à un rôle de responsable éditorial, Buisson rédige des articles emblématiques, comme Laïcité, Intuition, Prière... Son dictionnaire est considéré comme l’ouvrage de référence de l’école laïque et républicaine. Il introduit ce que certains perçoivent comme le concept d'une religion laïque de remplacement, alors que, pour Buisson, il y va de ce qui est la seule chose à retenir du religieux, la conscience morale.


Partisan de la SDN (Société des Nations), Ferdinand Buisson œuvre pour la paix, notamment pour le rapprochement franco-allemand, et est le plus âgé des prix Nobel de la paix. Il le reçoit en 1927, à l'âge de 86 ans, avec Ludwig Quidde. Il dédie ce prix à ces « fils adoptifs », les instituteurs de France, pour qu’ils travaillent au rapprochement des peuples par l’éducation des enfants.


La foi laïque

Livre Buisson 3Ferdinand Buisson est un protestant libéral affirmé et militant. Il défend le pasteur libéral Athanase Josué Coquerel quand le consistoire réformé de Paris, à majorité orthodoxe, n’en renouvelle pas le mandat. Lors de son exil, il tente de créer une église libérale dans le canton de Neuchâtel. Il soutient en 1891 une thèse de doctorat, qui 120 ans après sa publication fait toujours autorité, sur Sébastien Castellion ; le sous-titre en est : « Étude sur les origines du protestantisme libéral français ». Au fil des années, il se rapproche de la libre-pensée, jusqu’à devenir président en 1904 de l’« Association nationale des libres penseurs de France », mais sans jamais renier le protestantisme libéral qu’il estime compatible voire convergent avec une libre pensée spiritualiste. S’il n’apprécie guère le matérialisme de certains libres penseurs, il se méfie encore plus du cléricalisme catholique et du protestantisme orthodoxe.


La conception de la laïcité que développe Buisson est une laïcité fortement anticléricale, mais nullement antireligieuse. D’un côté, Buisson pense que le protestantisme, s’il va au bout de sa démarche en rejetant l’orthodoxie qui le dénature, propose une religion laïque, ouverte à l’action sociale et politique. De l’autre, il travaille à édifier une laïcité religieuse. Il veut que l’école publique favorise une éthique responsable et suscite une spiritualité libre. Il souhaite pour la République une religion ou une « foi laïque » susceptible de s’accorder avec le véritable christianisme, celui que défend le libéralisme et qui se fonde sur la prédication de Jésus. Dans les deux cas, il y a la conviction que « l’homme est à faire » et la volonté agissante de le rendre libre, digne, vraiment humain.


Contrairement à Jules Ferry qui est agnostique, Ferdinand Buisson a une conception de la religion, et croit en la possibilité d’une morale laïque. Il défend la libre pensée en une foi laïque, irréligieuse et progressiste.


Le Dictionnaire de pédagogie

« Le Dictionnaire de pédagogie » de Ferdinand Buisson contient plus de 300 auteurs et 2 600 articles. Il comprend un traité de pédagogie théorique et un cours complet d’instruction primaire. L’ouvrage s’achève en 1887 après 10 ans de travail. L’objectif idéologique des lois Ferry est atteint : déconfessionnaliser l’école élémentaire. Les potentialités de l’enfant (le faire accéder à l’abstraction) sont encouragées pour armer sa raison devant l’expansion de la société industrielle. Un inventaire critique de Rabelais, Montaigne, Comenius, Condillac, Rousseau ou Pestalozzi est réalisé sur ce qui existe en Europe et aux Etats-Unis. Liberté, observation, progression graduée, telle est la révolution éducative. « L’avenir du sentiment religieux » contient des conférences et textes de Ferdinand Buisson, lorsqu'il était rapporteur de la loi supprimant l’enseignement congréganiste.

Initié et dirigé par F. Buisson au moment même où il devient l’un des acteurs principaux des réformes engagées par la IIIe République, le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire est un véritable carrefour intellectuel des pédagogues, des enseignants, des hommes politiques et des philosophes. Cette œuvre collective est fortement marquée par la personnalité de son animateur et traversée par les débats qui animent la réflexion pédagogique de l’époque. Aboutissement d’un projet encyclopédique que Ferdinand Buisson caractérise comme visant à « initier les instituteurs à l’esprit du nouvel enseignement et à leur faire connaître le grand effort d’instruction et d’éducation laïque auquel ils étaient appelés à collaborer », le Dictionnaire de pédagogie s’est rapidement trouvé investi du statut « de porte-voix officieux de la réforme libérale de l’instruction populaire », pour reprendre l’expression de Patrick Dubois.



Œuvres de Ferdinand Buisson :

Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire / publié sous la direction de Ferdinand Buisson, 1880-1882

L’œuvre de législation fiscale de Jean Laval, 1916, préface

Pour l’école vivante, 1916, préface

Histoire populaire de Jules Ferry, 1907, préface

Vers la Société des Nations, 1919

L’éducation laïque, 1902

Education et République, Rapport fait... au nom de la commission du suffrage universel chargée d’examiner la proposition de loi tendant à accorder le droit de vote aux femmes dans les élections aux Conseils municipaux, aux Conseils d’arrondissement et aux Conseils généraux / Chambre des députés, session de 191 ; [réd.] par M. Ferdinand Buisson, 1910

Le Fond religieux de la morale laïque (conférence faite à la Ligue de l’enseignement le 13 mars 1917), 1917

Le Vote des femmes, 1911

La Politique radicale, études sur les doctrines du parti radical et radical-socialiste, 1908

La France et l’école, pendant la guerre, après la guerre (conférence faite à Paris, le 29 mars 1915), 1915

Le Congrès international d’éducation (16-27 août 1915), 1916

Condorcet, 1929

Université de Neuchâtel. Souvenirs. 1866-1916. (Conférence, faite à l’Aula de l’université de Neuchâtel, le 10 janvier 1916), 1916

L’Avenir du sentiment religieux. Nécessité et Conditions d’une union pour la culture morale. (Deux conférences faites en 1914 et 1923), 1923

La Foi laïque : extraits de discours et d’écrits, 1878-1911, 1918

Le socialisme, 1900

Rapport sur l’instruction primaire à l’exposition universelle de Vienne en 1873, 1875

Sébastien Castellion : sa vie et son œuvre (1515-1563) (thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris par Ferdinand Buisson), 1891

Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre (1515-1563) (étude sur les origines du protestantisme libéral français), 1892

Sommes-nous tous des libres croyants ? : libre-pensée et protestantisme libéral, 1892


Ouvrages sur Ferdinand Buisson :

• Patrick Cabanel : Ferdinand Buisson. Père de l'école laïque, Genève, Labor et Fides, 2016

• Patrick Dubois : Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson, Berne, Lang, 2002

• Mireille Gueissaz : L'Image énigmatique de Ferdinand Buisson. La vocation républicaine d'un saint puritain, ANRT, 1999

• Pierre Hayat : La dialectique de l'école et de la société chez Ferdinand Buisson, L'Enseignement philosophique, 2008

• Laurence Loeffel : Ferdinand Buisson, Paris, Hachette, 1999

• Vincent Peillon : Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, Le Seuil, Paris, 2010

• Pierre-Yves Ruff : Tu seras un jour toi-même. Ferdinand Buisson et le projet de l'école laïque, Paris, Théolib, 2013


Les ouvrages de Ferdinand Buisson sur le site de la Bibliothèque Nationale de France

Vidéos

bottom of page