Le concept derridien de déconstruction apparait aujourd’hui dévoyé, comme sorti de son idée première pour en devenir une toute autre notion davantage prompte à illustrer certains discours idéologiques. En ce début de XXIème siècle,   c’est une notion altérée et appauvrie que d’aucuns tentent d’imposer avec  force en Europe. Pour retrouver le sens initial, il est nécessaire de comprendre les origines et l’histoire du terme Abbau initié par Heidegger que Jacques Granel traduit par le vocable de déconstruction. Pour comprendre ce qu’est, mais aussi ce que n’est pas ce concept développé   par Jacques Derrida, il est urgent de mieux le définir et de l’illustrer avec des exemples parlants. En prenant appui sur cette métamorphose du concept de déconstruction, il est, par ailleurs, intéressant d’évoquer la dérive que connait d’autres concepts tels que la résilience.

Elisabeth Roudinesco, historienne (HDR), chargée d’un séminaire d’histoire de la psychanalyse à l’ENS. Collaboratrice du Monde des livres. Présidente de la Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse (SIHPP), co-fondatrice de l’Institut Histoire et Lumières de la pensée (www.ihldp.com), auteure d’une vingtaine d’ouvrages traduits dans le monde entier. Dernier ouvrage paru : Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires (Seuil, 2021)

Crédits : Olivier Bétourné.