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L’Europe face à la guerre : vers un nouveau cosmopolitisme ?
L’Europe face à la guerre : vers un nouveau cosmopolitisme ?

mar. 29 mars

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Patronage laïque Jules Vallès

L’Europe face à la guerre : vers un nouveau cosmopolitisme ?

Francis Wolff | Philosophe

Les inscriptions sont closes
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Heure et lieu

29 mars 2022, 19:00

Patronage laïque Jules Vallès, 72 Av. Félix Faure, 75015 Paris, France

À propos de l'événement

Ce que plusieurs décennies de paix n’ont pas fait pour l’unité politique de l’Europe, quelques jours de guerre y ont suffi. Poutine a réussi par son agression un triple exploit : forger l’unité jusque-là précaire du peuple ukrainien ; renforcer l’unité vacillante de l’Union européenne ; et faire à nouveau du mot « Europe » le nom d’un nouvel espoir pour le monde, celui du cosmopolitisme.

Avant l’invention de l’État-nation, l’Europe politique n’était qu’une idée des philosophes des Lumières. C’est la première utopie européenne. Les philosophes ont dégagé les objectifs et le principe de l’unité politique de l’Europe. Les objectifs : le premier est la paix, le second est la prospérité. Le principe, c’est l’idée, d’origine française (celle de la Révolution et des Lumières), que c’est la Constitution républicaine qui fait l’unité d’un peuple, et non quelque identité préexistante, qu’elle soit ethnique, religieuse, historique ou culturelle. En termes modernes : c’est la démocratie qui fait le démos, non l’inverse. L’actualité, nous met justement face à deux conceptions opposées de ce qu’est un peuple : celle, ethnique de Poutine, celle politique, des Ukrainiens et des Européens.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe devint une utopie en un autre sens : un dessein politique irréaliste. Car toute utopie politique n’est pas condamnée au pire, dès lors que la lutte contre le mal ne prend pas la place de l’avancée progressive vers le mieux. Il en va ainsi des trois bonnes utopies politiques du XVIIIe siècle qui se réalisent vaille que vaille depuis le XXe siècle : la démocratie représentative, la construction européenne et les droits humains. Et elles sont liées.

L’Union européenne est aujourd’hui une utopie en un troisième sens : une utopie cosmopolitique. Ce qui nous définit, nous Européens, ce n’est pas un attachement à quelque chose qui serait la civilisation européenne, c’est plutôt un détachement. Nous sommes de plus en plus des individus abstraits. Doublement détachés : détachés de toute identité particulière (nos identités sont multiples, hybrides, mouvantes, et même critiques) ; et détachés les uns des autres, détachés de tout lien communautaire. Nous sommes devenus des individus, pour le pire (l’individualisme) et pour le meilleur (nous pouvons nous abstraire de tout enracinement particulier).

Mais la meilleure preuve que la construction européenne mène au cosmopolitisme est que son vrai ciment, ce sont ses principes. Car ces principes ne sont pas des européens, mais des principes universels, valables pour tous en tous temps, des principes propres à l’humanité comme telle. En devenant européens, nous sommes déjà citoyens du monde.

Francis Wolff, philosophe, professeur émérite de philosophie à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (Paris), auteur de « Trois utopies contemporaines » (Fayard, 2018), de « Plaidoyer pour l’universel » (Fayard, 2019) et de « Le monde à la première personne » (Fayard 2021).

Une séance de signature, en partenariat avec la librairie L'Art de la joie, aura lieu à l'issue de la conférence dans le hall du Patronage laïque Jules Vallès. 

Entrée libre, sur réservation

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