Inscrite  dans le cadre d’une politique de la ville qui vise la « réduction des  inégalités territoriales », la rénovation urbaine cible principalement  des grands quartiers HLM concentrant la pauvreté. Cette action urbaine  n’est pas nouvelle. Mais depuis 2003, les pouvoirs publics considèrent  la démolition-reconstruction des logements comme une réponse aux enjeux  sociaux d’inégalités et du « vivre ensemble » ; la construction de  nouvelles résidences fermées, plus petites que les tours et barres  démolies, pour partie en accession à la propriété, devrait attirer des  populations moins pauvres que les habitants tandis que la création de  rues, de places de stationnement, d’équipements, de transports, rendrait  la ville plus accessible. Pourtant, les bilans des rénovations menées  laissent perplexes sur l’efficacité de ces politiques à traiter les  questions sociales que ces projets urbains sont censés résoudre.

Christine LELEVRIER,  sociologue-urbaniste, est professeur à l’Ecole d’Urbanisme de Paris et  membre du Laboratoire Lab’Urba à l’Université Paris-Est-Créteil.  Spécialiste de la ségrégation, des mobilités résidentielles et de la  politique de la ville, ses travaux de recherche ont porté ses dernières  années sur les effets sociaux des politiques de mixité et de  renouvellement urbain des quartiers populaires. Après avoir participé à  une recherche européenne sur la gouvernance de la diversité dans les  villes, elle travaille également depuis un an sur les politiques  d’accueil des migrants dans les villes moyennes. Elle a co-dirigé en  2014 un ouvrage avec Agnès Deboulet intitulé Rénovations urbaines en Europe (ed. PUR) et publié également un ouvrage analysant les Trajectoires et rapports au quartier des nouveaux arrivants dans les quartiers en rénovation (coll. recherche PUCA).