On parle en France depuis une quinzaine d'années d'un nécessaire enseignement du fait religieux. Comment ce débat est-il venu sur les devants de la scène publique ? Quels sont ses enjeux et les attentes qu'il suscite ? Comment les professeurs chargés de cet enseignement sont-ils formés ? Comment répondre au mieux aux attentes de la société, des parents d'élèves et des élèves ? Si l'on s'accorde à penser qu'une connaissance des religions doit faire partie de la culture scolaire de tout futur citoyen, on peut s'interroger sur les choix qu'opèrent les programmes et les manuels, incarnant à la fois une mémoire du passé et un projet d'avenir de la société. Mais cet enseignement ne va pas sans difficultés : quels sont les écueils à éviter ? La laïcité est-elle un obstacle ou, au contraire, l'une des conditions de cet enseignement dans une Ecole devenue l'un des lieux stratégiques de l'expression des appartenances religieuses ? Cet ouvrage montre très concrètement comment est mené, avec bien des hésitations et non sans problèmes, l'enseignement du fait religieux dans les collèges et les lycées de la République. Il permet également de mesurer l'importance d'une approche pédagogique distanciée et dépassionnée, bien distincte d'une démarche d'ordre confessionnel, pour communiquer aux citoyens de demain les connaissances nécessaires à la compréhension de questions qui traversent toute l'histoire de l'humanité jusqu'à aujourd'hui.

Au terme de cette analyse extrêmement développée et très claire, on peut se demander de quelle façon le fait religieux est globalement appréhendé dans les programmes et les manuels et quelles sont les permanences et les évolutions dans ce traitement depuis une trentaine d'années. Deux constats s'imposent : les manuels sont loin de refléter les programmes, le livre scolaire favorise l'étanchéité des disciplines. D'autre part très peu de liens sont établis entre les religions étudiées, ainsi le christianisme est détaché du judaïsme et de l'islam, alors qu'ils sont nés dans la même région du monde. Les religions lorsqu'elles sont abordées, le sont dans un contexte historique et très peu présentes dans l'histoire contemporaine. Faut-il y voir l'expression d'un affrontement entre une mémoire qui sacralise et une histoire qui laïcise ? Le comparatisme est le grand perdant de cette présentation scolaire du fait religieux.