À l'occasion du centenaire de la loi de 1905, les entretiens d'Auxerre ont rassemblés d'éminents chercheurs, historiens, hommes de foi ou sociologues français ou étrangers ( Italie, Grande Bretagne, Canada, Mexique ou Japon) sur le thème de la séparation des Eglises et de l'Etat et de l'avenir de la laïcité.
La laïcité trouve ses sources les plus nettes dans la Révolution française mais elle n’est devenue une réalité tangible qu’en s’enracinant dans les institutions avec la loi du 9 décembre 1905. Si, comme on le verra dans les contributions qui suivent, la séparation des Eglises et de l’Etat est une philosophie politique plus répandue dans le monde qu’on ne le pense généralement, la laïcité, dans sa formulation institutionnelle et juridique, n’en est pas moins une invention bien française. C’est pourquoi le débat qui l’entoure aujourd’hui est indissociable d’interrogations sur l’identité nationale. Il faut donc reconnaître que l’importance du thème de la laïcité tient à ce qu’il renvoie à un nœud de problèmes sociaux, institutionnels, identitaires, qui se sont fortement renouvelés à partir des années 1970. Est-il possible, et souhaitable, néanmoins, d’envisager d’autres expériences que française pour réfléchir au passé, au présent, et au devenir de l’idée de laïcité ? Comme on le verra, notre réponse à cette question est résolument positive : notre réflexion a tout à gagner à nous déplacer dans le temps ou dans l’espace, en Europe et dans d’autres continents, tout comme d’ailleurs nous tirerons le plus grand profit à ne pas nous enfermer dans des analyses trop “ hexagonales ”, et à envisager d’autre niveaux que national, des niveaux locaux. Les entretiens d’Auxerre n’ont pas pour objet de coller à l’actualité. Il s’agit, au contraire, de situer la question de la laïcité, dont ces travaux ont montré à quel point elle est cruciale aujourd’hui, dans toute son épaisseur historique, à une échelle qui ne s’arrête pas aux frontières nationales de la France, et sans craindre de se projeter vers l’avenir.